Mangifera Indica

Scientific name:
Plant family:
Common name:
Lao name:
Mangifera Indica L.
Anacardiaceae
Mango
(mak mouang)

Making a Lao ethnobotanical file on the mango tree is pointless in a country where it is omnipresent. Therefore, we will content ourselves with making a few remarks and evoking a few personal impressions. The first remark is of a linguistic nature, in fact several languages ​​(Lao, English, French, etc.) have borrowed the same from the Tamil language: man-gay and the scientific name, which also borrowed, indicates the origin of the plant: Indica.

Among the impressions, the first is the delicacy of the pink or dark red of the young mango leaves that appear in mid-January; then the delicious smell of small white or pink flowers, which form panicles at the end of the branch counting up to a thousand elements; finally, when the fruits are ripe, the amazing range of all the flavors of the different varieties of mango, from the very large plump and African red fruit, to the thin and pale one, with straw yellow flesh, sold everywhere in the markets of Laos, passing by the delicious “mango bassignac” from the West Indies, sweet and caramelized at the same time.

However, long before the fruits are ripe, the children try to pick them when the first rains and the strong winds of April cause them to fall; adults, on the other hand, beat them with more or less sophisticated gears. It must be said, in fact, that for the Lao, the mango is eaten mainly green and therefore relatively acidic. The easiest way is to dip a piece of green mango in a mixture of salt, pepper and chilli, it is an ordinary and at the same time nutritious appetizer since green fruits contain a significant amount of starch. These same pieces, but smaller, accompany grilled meats or spring rolls, it is then dong mak mouang (green fruits preserved in a salty and acidic liquid). The tam som, “sour mixture”, is very good with green mangoes. This taste for green mangoes can be found elsewhere: in India the famous chutneys, often arranged in English sauce, are made from unripe fruits; in Creole countries we speak of “souskay” for a mixture that is very similar to tam som.

Ripe mangoes are eaten as is, sometimes accompanying a coconut flan, or candied (kouan or seuam). In Paksé, the specialty is a dried mango flattened like a pancake: mak mouang phene. Elsewhere, mango-based preparations are innumerable: they can be cut into slices and macerated in wine and sugar flavored with cinnamon, they are made into marmalades, jellies, compotes, fermented drinks, juice, spirits, vinegar.

The Lao also make a soup with young mango leaves and also a kind of salad: soup phak.

In traditional medicine the bark is astringent; the leaves treat diarrhoea, skin irritations and dental problems; the flowers are considered as aphrodisiacs but also repelling mosquitoes; fruits treat dysentery and stomach problems; the seeds are astringent and used against haemorrhages and scorpion stings.

However, the mango tree has not finished surprising us, so in India, the yellow color (Indian yellow) was traditionally given by the urine of cows fed on mango leaves. Once the urine has evaporated, it leaves a deposit from which pellets with a very strong dyeing power are made. But you had to make the cows thirsty to get it and Indian law banned its production at the beginning of the 20th century. The bark of the mango tree contains the same yellow substance, and in Laos it is used to turn fabrics already stained blue with indigo green.

However, we have not yet said anything about the mango tree if we have not talked about the place it holds in religions and therefore in the art of Indianized cultures. In India the mango tree is a major tree, among the Hindus it is the symbol of creation, it is the very form of Brahma. The branches, the leaves, the fruits take part in the ritual sacrifices and the ceremonies like that of the wedding or the new year. The mango tree is also considered sacred in early Buddhism and in India the Buddha is often depicted beside or under a mango tree. In animist conceptions, the mango tree is the seat of many geniuses of vegetation and taking care of it can avoid many troubles. In Laos this strong symbolism is not apparent, even if the old mango trees are respected everywhere. Thus, in the tradition, if you build your house on a Wednesday, you must first place a piece of the “king tree” there which is, on that day, a mango tree.


Faire une fiche d’ethnobotanique lao sur le manguier est bien vain dans un pays où il est omniprésent. Nous nous contenterons donc de faire quelques remarques et d’évoquer quelques impressions personnelles. La première remarque est d’ordre linguistique, en effet plusieurs langues (lao, anglais, français…), ont fait le même emprunt à la langue tamoul: man-gay et le nom scientifique, qui lui aussi a fait cet emprunt, indique en outre, l’origine de la plante: Indica.

Parmi les impressions, la première est la délicatesse du rose ou du rouge foncé des jeunes feuilles de manguier qui apparaissent à la mi-janvier; puis l’odeur délicieuse des petites fleurs blanches ou roses, qui forment en bout de branche des panicules comptant jusqu’à un millier d’éléments; enfin, lorsque les fruits sont mûrs, la gamme étonnante de toutes les saveurs des différentes variétés de mangue, depuis le très gros fruit rebondi et rouge africain, à celui fin et  pâle, à la chair jaune paille, vendu partout sur les marchés du Laos, en passant par les délicieux « mango bassignac » des Antilles, sucrés et caramélisés à la fois.

Cependant, bien avant que les fruits soient mûrs, les enfants cherchent à les ramasser quand les premières pluies et les forts vents du mois d’avril les font tomber; les adultes, eux, les gaulent avec des engins plus ou moins perfectionnés. Il faut dire en effet, que pour les Lao, la mangue se déguste surtout verte et donc relativement acide. La façon la plus simple est de tremper un morceau de mangue verte dans un mélange de sel, poivre et piment, c’est un amuse-gueule ordinaire et en même temps nourrissant puisque les fruits verts contiennent une quantité significative de fécule. Ces mêmes morceaux, mais plus petits, accompagnent les viandes grillés ou les rouleaux de printemps, il s’agit alors de dong mak mouang (fruits verts conservés dans un liquide salé et acide). Le tam som, « mélange acide », est très bon avec des mangues vertes. Ce goût pour les mangues vertes se retrouve ailleurs: en Inde les fameux chutneys, souvent arrangés à la sauce anglaise, sont faits à base de fruits non encore mûrs; dans les pays créoles on parlera de « souskay » pour un mélange qui ressemble fort au tam som.

Les mangues mûres se mangent en l’état, parfois accompagnant un flan au coco, ou encore confites (kouan ou seuam). A Paksé, la spécialité est une mangue séchée et aplatie comme un crêpe: mak mouang phène. Ailleurs les préparations à base de mangues sont innombrables: on peut les couper en tranches et les faire macérer dans du vin et du sucre aromatisé de cannelle, on en fait des marmelades, des gelées, des compotes, des boissons fermentées, du jus, des alcools, du vinaigre.

Les Lao font en outre une soupe avec les jeunes feuilles de manguier et aussi une sorte de salade : soup phak.

En médecine traditionnelle, l’écorce est astringente; les feuilles traitent la diarrhée, les irritations de la peau et les problèmes dentaires; les fleurs sont considérées comme aphrodisiaques mais aussi comme chassant les moustiques; les fruits traitent la dysenterie et les problèmes d’estomac; les graines sont astringentes et utilisées contre les hémorragies et les piqûres de scorpions.

Cependant le manguier n’a pas fini de nous étonner, ainsi en Inde, la couleur jaune (jaune indien) était traditionnellement donnée par l’urine de vaches nourries de feuilles de manguier. Une fois l’urine évaporée elle laisse un dépôt dont on fabrique des boulettes ayant un pouvoir teignant très fort. Mais il fallait assoiffer les vaches pour l’obtenir et la loi indienne en a interdit la production au début du XX° siècle. L’écorce du manguier contient la même substance jaune et, au Laos, elle sert à faire tourner au vert les tissus déjà colorés en bleu par l’indigo.

Cependant, on n’a encore rien dit du manguier si l’on n’a pas parlé de la place qu’il tient dans les religions et donc dans l’art des cultures indianisées. En Inde le manguier est un arbre majeur, chez les Hindous il est le symbole de la création, il est la forme même de Brahmâ. Les branches, les feuilles, les fruits participent aux sacrifices rituels et aux cérémonies comme celle du mariage ou du nouvel an. Le manguier est aussi considéré comme sacré dans le Bouddhisme des premiers temps et en Inde le Bouddha est souvent représenté à côté ou sous un manguier. Dans les conceptions animistes le manguier est le siège de nombreux génies de la végétation et en prendre soin peut éviter bien des ennuis. Au Laos cette symbolique forte n’est pas apparente, même si les vieux manguiers sont partout respectés. Ainsi, dans la tradition, si vous construisez votre maison un mercredi, vous devrez y placer d’abord un morceau de « l’arbre roi » qui est, ce jour-là, un manguier.

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A large flowering mango tree
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The little flowers are fragrant in the month of March
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They form at the end of the branch panicles counting up to a thousand elements
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Characteristic kidney shape of the mango which hangs at the end of its long peduncle
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Unripe mangoes are eaten dipped in a mixture of salt and chilli
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In Paksé, mangoes are transformed into pancakes
Scientific name:
Mangifera Indica L.
Plant family:
Anacardiaceae
Common name:
Mango
Lao name:
(mak mouang)

Making a Lao ethnobotanical file on the mango tree is pointless in a country where it is omnipresent. Therefore, we will content ourselves with making a few remarks and evoking a few personal impressions. The first remark is of a linguistic nature, in fact several languages ​​(Lao, English, French, etc.) have borrowed the same from the Tamil language: man-gay and the scientific name, which also borrowed, indicates the origin of the plant: Indica.

Among the impressions, the first is the delicacy of the pink or dark red of the young mango leaves that appear in mid-January; then the delicious smell of small white or pink flowers, which form panicles at the end of the branch counting up to a thousand elements; finally, when the fruits are ripe, the amazing range of all the flavors of the different varieties of mango, from the very large plump and African red fruit, to the thin and pale one, with straw yellow flesh, sold everywhere in the markets of Laos, passing by the delicious “mango bassignac” from the West Indies, sweet and caramelized at the same time.

However, long before the fruits are ripe, the children try to pick them when the first rains and the strong winds of April cause them to fall; adults, on the other hand, beat them with more or less sophisticated gears. It must be said, in fact, that for the Lao, the mango is eaten mainly green and therefore relatively acidic. The easiest way is to dip a piece of green mango in a mixture of salt, pepper and chilli, it is an ordinary and at the same time nutritious appetizer since green fruits contain a significant amount of starch. These same pieces, but smaller, accompany grilled meats or spring rolls, it is then dong mak mouang (green fruits preserved in a salty and acidic liquid). The tam som, “sour mixture”, is very good with green mangoes. This taste for green mangoes can be found elsewhere: in India the famous chutneys, often arranged in English sauce, are made from unripe fruits; in Creole countries we speak of “souskay” for a mixture that is very similar to tam som.

Ripe mangoes are eaten as is, sometimes accompanying a coconut flan, or candied (kouan or seuam). In Paksé, the specialty is a dried mango flattened like a pancake: mak mouang phene. Elsewhere, mango-based preparations are innumerable: they can be cut into slices and macerated in wine and sugar flavored with cinnamon, they are made into marmalades, jellies, compotes, fermented drinks, juice, spirits, vinegar.

The Lao also make a soup with young mango leaves and also a kind of salad: soup phak.

In traditional medicine the bark is astringent; the leaves treat diarrhoea, skin irritations and dental problems; the flowers are considered as aphrodisiacs but also repelling mosquitoes; fruits treat dysentery and stomach problems; the seeds are astringent and used against haemorrhages and scorpion stings.

However, the mango tree has not finished surprising us, so in India, the yellow color (Indian yellow) was traditionally given by the urine of cows fed on mango leaves. Once the urine has evaporated, it leaves a deposit from which pellets with a very strong dyeing power are made. But you had to make the cows thirsty to get it and Indian law banned its production at the beginning of the 20th century. The bark of the mango tree contains the same yellow substance, and in Laos it is used to turn fabrics already stained blue with indigo green.

However, we have not yet said anything about the mango tree if we have not talked about the place it holds in religions and therefore in the art of Indianized cultures. In India the mango tree is a major tree, among the Hindus it is the symbol of creation, it is the very form of Brahma. The branches, the leaves, the fruits take part in the ritual sacrifices and the ceremonies like that of the wedding or the new year. The mango tree is also considered sacred in early Buddhism and in India the Buddha is often depicted beside or under a mango tree. In animist conceptions, the mango tree is the seat of many geniuses of vegetation and taking care of it can avoid many troubles. In Laos this strong symbolism is not apparent, even if the old mango trees are respected everywhere. Thus, in the tradition, if you build your house on a Wednesday, you must first place a piece of the “king tree” there which is, on that day, a mango tree.


Faire une fiche d’ethnobotanique lao sur le manguier est bien vain dans un pays où il est omniprésent. Nous nous contenterons donc de faire quelques remarques et d’évoquer quelques impressions personnelles. La première remarque est d’ordre linguistique, en effet plusieurs langues (lao, anglais, français…), ont fait le même emprunt à la langue tamoul: man-gay et le nom scientifique, qui lui aussi a fait cet emprunt, indique en outre, l’origine de la plante: Indica.

Parmi les impressions, la première est la délicatesse du rose ou du rouge foncé des jeunes feuilles de manguier qui apparaissent à la mi-janvier; puis l’odeur délicieuse des petites fleurs blanches ou roses, qui forment en bout de branche des panicules comptant jusqu’à un millier d’éléments; enfin, lorsque les fruits sont mûrs, la gamme étonnante de toutes les saveurs des différentes variétés de mangue, depuis le très gros fruit rebondi et rouge africain, à celui fin et  pâle, à la chair jaune paille, vendu partout sur les marchés du Laos, en passant par les délicieux « mango bassignac » des Antilles, sucrés et caramélisés à la fois.

Cependant, bien avant que les fruits soient mûrs, les enfants cherchent à les ramasser quand les premières pluies et les forts vents du mois d’avril les font tomber; les adultes, eux, les gaulent avec des engins plus ou moins perfectionnés. Il faut dire en effet, que pour les Lao, la mangue se déguste surtout verte et donc relativement acide. La façon la plus simple est de tremper un morceau de mangue verte dans un mélange de sel, poivre et piment, c’est un amuse-gueule ordinaire et en même temps nourrissant puisque les fruits verts contiennent une quantité significative de fécule. Ces mêmes morceaux, mais plus petits, accompagnent les viandes grillés ou les rouleaux de printemps, il s’agit alors de dong mak mouang (fruits verts conservés dans un liquide salé et acide). Le tam som, « mélange acide », est très bon avec des mangues vertes. Ce goût pour les mangues vertes se retrouve ailleurs: en Inde les fameux chutneys, souvent arrangés à la sauce anglaise, sont faits à base de fruits non encore mûrs; dans les pays créoles on parlera de « souskay » pour un mélange qui ressemble fort au tam som.

Les mangues mûres se mangent en l’état, parfois accompagnant un flan au coco, ou encore confites (kouan ou seuam). A Paksé, la spécialité est une mangue séchée et aplatie comme un crêpe: mak mouang phène. Ailleurs les préparations à base de mangues sont innombrables: on peut les couper en tranches et les faire macérer dans du vin et du sucre aromatisé de cannelle, on en fait des marmelades, des gelées, des compotes, des boissons fermentées, du jus, des alcools, du vinaigre.

Les Lao font en outre une soupe avec les jeunes feuilles de manguier et aussi une sorte de salade : soup phak.

En médecine traditionnelle, l’écorce est astringente; les feuilles traitent la diarrhée, les irritations de la peau et les problèmes dentaires; les fleurs sont considérées comme aphrodisiaques mais aussi comme chassant les moustiques; les fruits traitent la dysenterie et les problèmes d’estomac; les graines sont astringentes et utilisées contre les hémorragies et les piqûres de scorpions.

Cependant le manguier n’a pas fini de nous étonner, ainsi en Inde, la couleur jaune (jaune indien) était traditionnellement donnée par l’urine de vaches nourries de feuilles de manguier. Une fois l’urine évaporée elle laisse un dépôt dont on fabrique des boulettes ayant un pouvoir teignant très fort. Mais il fallait assoiffer les vaches pour l’obtenir et la loi indienne en a interdit la production au début du XX° siècle. L’écorce du manguier contient la même substance jaune et, au Laos, elle sert à faire tourner au vert les tissus déjà colorés en bleu par l’indigo.

Cependant, on n’a encore rien dit du manguier si l’on n’a pas parlé de la place qu’il tient dans les religions et donc dans l’art des cultures indianisées. En Inde le manguier est un arbre majeur, chez les Hindous il est le symbole de la création, il est la forme même de Brahmâ. Les branches, les feuilles, les fruits participent aux sacrifices rituels et aux cérémonies comme celle du mariage ou du nouvel an. Le manguier est aussi considéré comme sacré dans le Bouddhisme des premiers temps et en Inde le Bouddha est souvent représenté à côté ou sous un manguier. Dans les conceptions animistes le manguier est le siège de nombreux génies de la végétation et en prendre soin peut éviter bien des ennuis. Au Laos cette symbolique forte n’est pas apparente, même si les vieux manguiers sont partout respectés. Ainsi, dans la tradition, si vous construisez votre maison un mercredi, vous devrez y placer d’abord un morceau de « l’arbre roi » qui est, ce jour-là, un manguier.

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A large flowering mango tree
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The little flowers are fragrant in the month of March
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They form at the end of the branch panicles counting up to a thousand elements
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Characteristic kidney shape of the mango which hangs at the end of its long peduncle
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Unripe mangoes are eaten dipped in a mixture of salt and chilli
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In Paksé, mangoes are transformed into pancakes
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A large flowering mango tree
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The little flowers are fragrant in the month of March
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They form at the end of the branch panicles counting up to a thousand elements
Image
Characteristic kidney shape of the mango which hangs at the end of its long peduncle
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Unripe mangoes are eaten dipped in a mixture of salt and chilli
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In Paksé, mangoes are transformed into pancakes
Scientific name:
Mangifera Indica L.
Plant family:
Anacardiaceae
Common name:
Mango
Lao name:
(mak mouang)

Making a Lao ethnobotanical file on the mango tree is pointless in a country where it is omnipresent. Therefore, we will content ourselves with making a few remarks and evoking a few personal impressions. The first remark is of a linguistic nature, in fact several languages ​​(Lao, English, French, etc.) have borrowed the same from the Tamil language: man-gay and the scientific name, which also borrowed, indicates the origin of the plant: Indica.

Among the impressions, the first is the delicacy of the pink or dark red of the young mango leaves that appear in mid-January; then the delicious smell of small white or pink flowers, which form panicles at the end of the branch counting up to a thousand elements; finally, when the fruits are ripe, the amazing range of all the flavors of the different varieties of mango, from the very large plump and African red fruit, to the thin and pale one, with straw yellow flesh, sold everywhere in the markets of Laos, passing by the delicious “mango bassignac” from the West Indies, sweet and caramelized at the same time.

However, long before the fruits are ripe, the children try to pick them when the first rains and the strong winds of April cause them to fall; adults, on the other hand, beat them with more or less sophisticated gears. It must be said, in fact, that for the Lao, the mango is eaten mainly green and therefore relatively acidic. The easiest way is to dip a piece of green mango in a mixture of salt, pepper and chilli, it is an ordinary and at the same time nutritious appetizer since green fruits contain a significant amount of starch. These same pieces, but smaller, accompany grilled meats or spring rolls, it is then dong mak mouang (green fruits preserved in a salty and acidic liquid). The tam som, “sour mixture”, is very good with green mangoes. This taste for green mangoes can be found elsewhere: in India the famous chutneys, often arranged in English sauce, are made from unripe fruits; in Creole countries we speak of “souskay” for a mixture that is very similar to tam som.

Ripe mangoes are eaten as is, sometimes accompanying a coconut flan, or candied (kouan or seuam). In Paksé, the specialty is a dried mango flattened like a pancake: mak mouang phene. Elsewhere, mango-based preparations are innumerable: they can be cut into slices and macerated in wine and sugar flavored with cinnamon, they are made into marmalades, jellies, compotes, fermented drinks, juice, spirits, vinegar.

The Lao also make a soup with young mango leaves and also a kind of salad: soup phak.

In traditional medicine the bark is astringent; the leaves treat diarrhoea, skin irritations and dental problems; the flowers are considered as aphrodisiacs but also repelling mosquitoes; fruits treat dysentery and stomach problems; the seeds are astringent and used against haemorrhages and scorpion stings.

However, the mango tree has not finished surprising us, so in India, the yellow color (Indian yellow) was traditionally given by the urine of cows fed on mango leaves. Once the urine has evaporated, it leaves a deposit from which pellets with a very strong dyeing power are made. But you had to make the cows thirsty to get it and Indian law banned its production at the beginning of the 20th century. The bark of the mango tree contains the same yellow substance, and in Laos it is used to turn fabrics already stained blue with indigo green.

However, we have not yet said anything about the mango tree if we have not talked about the place it holds in religions and therefore in the art of Indianized cultures. In India the mango tree is a major tree, among the Hindus it is the symbol of creation, it is the very form of Brahma. The branches, the leaves, the fruits take part in the ritual sacrifices and the ceremonies like that of the wedding or the new year. The mango tree is also considered sacred in early Buddhism and in India the Buddha is often depicted beside or under a mango tree. In animist conceptions, the mango tree is the seat of many geniuses of vegetation and taking care of it can avoid many troubles. In Laos this strong symbolism is not apparent, even if the old mango trees are respected everywhere. Thus, in the tradition, if you build your house on a Wednesday, you must first place a piece of the “king tree” there which is, on that day, a mango tree.


Faire une fiche d’ethnobotanique lao sur le manguier est bien vain dans un pays où il est omniprésent. Nous nous contenterons donc de faire quelques remarques et d’évoquer quelques impressions personnelles. La première remarque est d’ordre linguistique, en effet plusieurs langues (lao, anglais, français…), ont fait le même emprunt à la langue tamoul: man-gay et le nom scientifique, qui lui aussi a fait cet emprunt, indique en outre, l’origine de la plante: Indica.

Parmi les impressions, la première est la délicatesse du rose ou du rouge foncé des jeunes feuilles de manguier qui apparaissent à la mi-janvier; puis l’odeur délicieuse des petites fleurs blanches ou roses, qui forment en bout de branche des panicules comptant jusqu’à un millier d’éléments; enfin, lorsque les fruits sont mûrs, la gamme étonnante de toutes les saveurs des différentes variétés de mangue, depuis le très gros fruit rebondi et rouge africain, à celui fin et  pâle, à la chair jaune paille, vendu partout sur les marchés du Laos, en passant par les délicieux « mango bassignac » des Antilles, sucrés et caramélisés à la fois.

Cependant, bien avant que les fruits soient mûrs, les enfants cherchent à les ramasser quand les premières pluies et les forts vents du mois d’avril les font tomber; les adultes, eux, les gaulent avec des engins plus ou moins perfectionnés. Il faut dire en effet, que pour les Lao, la mangue se déguste surtout verte et donc relativement acide. La façon la plus simple est de tremper un morceau de mangue verte dans un mélange de sel, poivre et piment, c’est un amuse-gueule ordinaire et en même temps nourrissant puisque les fruits verts contiennent une quantité significative de fécule. Ces mêmes morceaux, mais plus petits, accompagnent les viandes grillés ou les rouleaux de printemps, il s’agit alors de dong mak mouang (fruits verts conservés dans un liquide salé et acide). Le tam som, « mélange acide », est très bon avec des mangues vertes. Ce goût pour les mangues vertes se retrouve ailleurs: en Inde les fameux chutneys, souvent arrangés à la sauce anglaise, sont faits à base de fruits non encore mûrs; dans les pays créoles on parlera de « souskay » pour un mélange qui ressemble fort au tam som.

Les mangues mûres se mangent en l’état, parfois accompagnant un flan au coco, ou encore confites (kouan ou seuam). A Paksé, la spécialité est une mangue séchée et aplatie comme un crêpe: mak mouang phène. Ailleurs les préparations à base de mangues sont innombrables: on peut les couper en tranches et les faire macérer dans du vin et du sucre aromatisé de cannelle, on en fait des marmelades, des gelées, des compotes, des boissons fermentées, du jus, des alcools, du vinaigre.

Les Lao font en outre une soupe avec les jeunes feuilles de manguier et aussi une sorte de salade : soup phak.

En médecine traditionnelle, l’écorce est astringente; les feuilles traitent la diarrhée, les irritations de la peau et les problèmes dentaires; les fleurs sont considérées comme aphrodisiaques mais aussi comme chassant les moustiques; les fruits traitent la dysenterie et les problèmes d’estomac; les graines sont astringentes et utilisées contre les hémorragies et les piqûres de scorpions.

Cependant le manguier n’a pas fini de nous étonner, ainsi en Inde, la couleur jaune (jaune indien) était traditionnellement donnée par l’urine de vaches nourries de feuilles de manguier. Une fois l’urine évaporée elle laisse un dépôt dont on fabrique des boulettes ayant un pouvoir teignant très fort. Mais il fallait assoiffer les vaches pour l’obtenir et la loi indienne en a interdit la production au début du XX° siècle. L’écorce du manguier contient la même substance jaune et, au Laos, elle sert à faire tourner au vert les tissus déjà colorés en bleu par l’indigo.

Cependant, on n’a encore rien dit du manguier si l’on n’a pas parlé de la place qu’il tient dans les religions et donc dans l’art des cultures indianisées. En Inde le manguier est un arbre majeur, chez les Hindous il est le symbole de la création, il est la forme même de Brahmâ. Les branches, les feuilles, les fruits participent aux sacrifices rituels et aux cérémonies comme celle du mariage ou du nouvel an. Le manguier est aussi considéré comme sacré dans le Bouddhisme des premiers temps et en Inde le Bouddha est souvent représenté à côté ou sous un manguier. Dans les conceptions animistes le manguier est le siège de nombreux génies de la végétation et en prendre soin peut éviter bien des ennuis. Au Laos cette symbolique forte n’est pas apparente, même si les vieux manguiers sont partout respectés. Ainsi, dans la tradition, si vous construisez votre maison un mercredi, vous devrez y placer d’abord un morceau de « l’arbre roi » qui est, ce jour-là, un manguier.